« Il bénit Yossef (…) le Divinité Qui a veillé sur moi depuis ma naissance jusqu’à ce jour » (Béréchit 48,15)
Dans une lettre adressée à son fils, le Saba de Kelm écrit les lignes suivantes : « De ma vie entière, je n’ai jamais entendu un homme ordinaire – ni à plus forte raison une personne richissime – remercier D.ieu de lui avoir donné de quoi manger au courant de la dernière année. Il m’arrive certes d’entendre des personnes honnêtes s’exclamer : “Par la grâce de D.ieu, cette année a été favorable, j’ai même pu économiser ce dont j’avais besoin !“ Or voilà que Ya’aqov, le petit-fils du grand dignitaire de Cana’an, s’exprime en disant : “La Divinité Qui a veillé sur moi“, que le targoum d’Onqelos traduit par : “D.ieu Qui m’a nourri“ ! J’étais donc fort surpris de voir chez Ya’aqov des propos que nul autre ne tient.
Mon étonnement m’a poursuivi, jusqu’à ce que le Birkat haMazon me revienne à l’esprit. Et voilà ma surprise inversée : comment n’avais-je jusque-là jamais pris conscience de ce que l’on y prononce ? Ces actions de grâce sur le repas, instaurées par Moché, ne parlent en effet que de la nourriture que D.ieu nous accorde gratuitement. Ce qui m’amena à méditer sur cette paracha (Béchala’h) : nous nous y émerveillons devant la Manne qui tombait du ciel dans le désert, alors que nous pourrions nous émerveiller de la Manne qui sort chaque année de la terre ! Combien sommes-nous sots ! Si la sensibilité de notre âme prenait davantage conscience de cette Manne-ci, nous y trouverions assurément de merveilleuses saveurs, pas moins que dans celle du désert. En conclusion, que pouvons-nous dire ? “Son palais n’est que douceur, tout en Lui respire le charme…“, et la chose n’est pas au-delà des océans, car “… Il est mon ami, Il est mon bien-aimé“ (Chir haChirim 5,16). »
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.