Vayehi. Ta justice est comme les montagnes puissantes

« Le sceptre ne quittera jamais Yéhouda, ni l’autorité sa descendance » (Béréchit 49,10)

Dans l’ouvrage Or Rachaz est retranscrit un discours du Saba de Kelm qui débute en ces termes : « Mes frères, faites preuve de vigueur ! Renforcez-vous dans l’œuvre de la pensée, jamais ne relâchez vos méditations relatives à la crainte du Ciel. Car la rectitude du Jugement divin est incommensurable. Regardez : voici que même le plus intègre et vertueux des actes, s’il devait être entaché ne serait-ce même que d'une petite ombre, sera jugé au Tribunal du Maître du monde avec toute la fermeté de rigueur ! »

La pensée de ce grand maître du moussar se précise dans la suite de son discours. Nous savons que la plupart des mitsvot de la Tora s'effacent devant un danger de mort, car la vie surpasse toute obligation morale. Malgré cela, si la sanctification du Nom divin [Kidouch Hachem] est mise en balance, l’homme est tenu de se laisser tuer pour elle. Ce qui nous permet d'entrevoir la valeur primordiale de cette notion de « Kidouch Hachem » aux yeux de la Tora. Or voilà que les ‘Hachmonaïm se dévouèrent corps et âme pour la cause du Kidouch Hachem, puisqu’ils agirent afin de rétablir la gloire du Nom divin aux yeux des nations. Ils célébrèrent même les miracles qui se sont déroulés à leur époque en instaurant des mitsvot particulières, lesquelles sont commémorées au fil des générations. Mais en dépit de ce formidable dévouement à la plus belle cause qui soit, ils furent sévèrement punis et leur descendance ne perdura pas. Le Talmud témoigne en effet (Baba Batra 3b) : « Tout homme qui affirme descendre de la lignée de ‘Hachmonaï ne peut être qu’un esclave, car pas un seul ne survécut ! »

Dans le commentaire du Ramban sur notre verset, nous trouvons les raisons de cette punition : ils s’arrogèrent le statut de roi, et démentirent en cela l’annonce faite par Ya’aqov : « Le sceptre ne quittera jamais Yéhouda. » En effet, les ‘Hachmonaïm ne pouvaient aucunement prétendre à la royauté, car eux-mêmes étaient descendants de la tribu de Lévi. Pourtant, il convient de noter que Ya’aqov n’avaient pas prescrit par ces mots un ordre formel et incontournable : il avait simplement formulé une bénédiction pour son fils Yéhouda. En outre, il se pourrait que cette recommandation ne s’applique qu’au moment où les enfants d’Israël désignent un roi, et non dans les circonstances des ‘Hachmonaïm qui gagnèrent le pouvoir au prix d’une guerre menée contre l’Empire grec. Mais en dépit de ces considérations, tous les mérites et le formidable Kidouch Hachem réalisé par cette dynastie ne leur furent d’aucun secours face à l’annonce du patriarche, et elle fut donc anéantie.

Voici la morale que peuvent tirer de la tragédie de cette prestigieuse famille, les hommes nonchalants et peu soucieux des exigences de la Tora ! Mais on peut aussi entendre cela sous un jour plus positif : s'il est aussi vrai qu'un léger écart de conduite peut entraîner de si terribles conséquences, combien les actes vertueux – même minimes et insignifiants – donneront lieu à des récompenses incommensurables !

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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