« L’Eternel Se révéla à lui [Avraham] dans les plaines de Mamré » (Béréchit 18,1)
Il est notoire que la tente d’Avraham était ouverte à tous les passants et qu’il les accueillait tous avec les mêmes égards, ainsi que l’évoque l’« échel » – c’est-à-dire l’arbre qu’il y planta, dont l’acronyme forme les mots : Akhila – la nourriture, Chtiya – la boisson, et Lina – le gîte. Il convient donc de comprendre pour quelle raison la Tora choisit-elle d’évoquer la hakhnassat or’him [hospitalité] exceptionnelle d’Avraham, précisément au moment où les trois anges se manifestèrent à lui. Quelle fut la particularité de cet épisode ?
L’auteur du Qéhilot Its’haq explique que la réponse à cette question constitue un principe général dans l’accomplissement de toutes les mitsvot. Nous sommes parfois amenés à nous mobiliser pour venir en aide à un proche parent ou à un ami en butte à des difficultés ; mais malheureusement trop souvent, les personnes que l’on sollicite élaborent toutes sortes de prétextes pour se dérober. On est alors les témoins d’excuses plus convaincantes les unes que les autres, et l’on s’entend invariablement répondre que telle ou telle connaissance serait certainement plus à même d’endosser cette responsabilité. L’un alléguera qu’une autre mitsva non moins importante l’accapare déjà totalement, pendant que l’autre attestera que son travail absorbe l’intégralité de son emploi du temps, ne lui laissant pas un instant de répit. Tristement, seuls les prétextes se multiplient sans qu’aucune aide ne se concrétise…
Dans l’acte de générosité décrit au début de notre paracha, la Tora nous adresse un message éloquent. Avraham possédait certainement les meilleures excuses qui soient pour interrompre momentanément son hospitalité : âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, il venait d’effectuer sa circoncision seulement trois jours auparavant. Selon nos propres critères, nous l’aurions de toute évidence dispensé d’accorder, serait-ce même un regard, à d’éventuels invités – et encore moins de courir à leur rencontre pour se mettre à leur service. Pourtant, Avraham n’utilisa pas ces faux-fuyants : en voyant apparaître des invités, il se précipita vers eux et les reçut avec prévenance. Or, bien que le troisième jour d’une circoncision soit terriblement douloureux – comme on le voit chez les habitants de Chekhem : « Le troisième jour, comme ils étaient souffrants » –, Avraham ne s’est pas même reposé sur les gens de sa maison pour accomplir la mitsva de l’hospitalité.Et c’est la raison pour laquelle la Tora décrit la générosité d’Avraham précisément lors de l’épisode des trois anges, afin qu’il reste à jamais un exemple de dévouement inconditionnel dans l’accomplissement des mitsvot.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.