Vayetse. Fermer les yeux pour ne pas voir le mal

« L'Eternel apparaissait au sommet (…) le D.ieu d'Avraham ton père, et le D.ieu d'Its’haq » (Béréchit 28,13)

« Bien qu’à aucun autre endroit, D.ieu n’associe Son Nom à celui des Justes de leur vivant, comme il est dit : “Même en Ses saints, Il n’a pas confiance“ (Job 15,15), ici pourtant, Il joignit Son Nom à celui d’Its’haq, dans la mesure où ce dernier était aveugle, cloîtré chez lui et considéré de ce fait comme mort, puisque le mauvais penchant ne l’habitait déjà plus. » (Rachi au nom du Midrach Tan’houma)

Rav Yéhouda Leib ‘Hassman, (Or Yahel tome II p.185), décèle dans ces mots du Midrach l’ampleur du danger auquel nos yeux peuvent nous conduire, et les risques qu’implique une promiscuité malsaine. Its’haq – qui fut pourtant prêt à s’offrir en sacrifice – ne mérita la confiance absolue de D.ieu qu’au jour où il perdit la vue et resta enfermé dans sa tente. Isolé du monde – et donc libéré du mauvais penchant – D.ieu accepta alors d’associer Son Nom au sien. Cette perspective nous permet de prendre conscience des dangers qui menacent l’homme dès qu’il s’éloigne des quatre murs de sa maison. Elle nous incite à redoubler de ferveur lorsque nous prononçons la prière suivante : « Que ce soit Ta volonté que nous revenions chez nous indemnes, comme nous en sommes sortis. » On raconte à ce propos que les jours où le Gaon de Vilna était contraint de sortir de chez lui, il étudiait treize fois consécutives le second chapitre du Messilat Yécharim – qui traite de la prudence – après quoi seulement il consentait à quitter sa demeure. Si un homme de cette envergure faisait montre de tant de vigilance, combien celle-ci s’impose-t-elle à nous également !

Le Lev Eliyahou (tome II p.13) rapporte l’anecdote suivante :Un jour, un élève de la yéchiva sollicita du rav Eliyahou Lopian zatsal l’autorisation de se rendre au mariage d’un proche parent. Le Rav lui demanda aussitôt : « Es-tu réellement sûr qu’il n’y aura pas d’indécence ? » Le jeune homme, balbutiant quelques mots (et visiblement bien conscient de ce qui l’y attendait), avança quelques excuses : « Mais mes parents et moi-même serons assis à une table séparée…», et conclut finalement sur cette déclaration : « Ce genre de spectacle ne me fera aucun mal ! » A cette réponse, le maître frémit : « Ecoute-moi bien ! J’ai déjà passé les quatre-vingts ans, et un de mes yeux est aveugle. Malgré cela, je suis rempli de terreur à chaque fois que je dois me rendre à l’extérieur, de peur que j’en vienne à porter mon regard sur une personne impudique. Et tu voudrais me faire croire qu’un jeune homme comme toi, avec deux yeux en parfaite santé, ne subirait aucun dommage de telles visions ? » Rav Eliyahou continua à sermonner le jeune élève, puis finit par lui tourner le dos et s’éloigner.

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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