« L’Eternel appela Moché et lui parla depuis la Tente d’assignation en ces termes… » (Vayiqra 1,1)
« Selon la tradition scripturaire, la lettre aleph de “Vayiqra“ [Il appela] est réduite. Rabbi Yo’hanan dit :
Vois combien les enfants sont précieux aux yeux du Saint béni soit-Il : lorsque le Sanhédrin s’exila [suite à la destruction du Temple], la Présence divine ne le suivit pas en exil ; ceux qui en assuraient la garde [les Cohanim] s’exilèrent, mais la Présence divine ne les suivit pas. C’est seulement lorsque les enfants furent exilés que la Présence divine les accompagna. C’est à ce sujet qu’il est dit : “Ses jeunes enfants s’en vont captifs, poussés par le vainqueur… “ – et aussitôt après – “…la fille de Tsion a vu partir toute sa splendeur“ – ceci est une allusion au Saint béni soit-Il, dont il est dit : “Tu es vêtu de splendeur et de majesté.“ » (Midrach Ekha 1)
Ce Midrach laisse clairement entendre que si la Chékhina résidait au sein d’Israël, c’était essentiellement par le mérite des jeunes enfants, qui étudient la Tora chez leurs maîtres. C’est le souffle s’échappant de leurs bouches pures, qui permettait à la Présence divine de demeurer parmi le peuple juif.Cette remarque, ajoute rav Yossef Salant (Béer Yossef), nous permettra de mieux comprendre le choix du lieu que D.ieu fit pour Se révéler à Moché : « C’est là que Je te donnerai rendez-vous : c’est de dessus le propitiatoire, entre les deux chérubins [kérouvim] placés sur l’Arche du statut, que Je te communiquerai tous Mes ordres pour les enfants d’Israël » (Chémot 25,22). Le Talmud (Souka 5b) précise à ce sujet :
« Que signifie le mot “kérouv“ [chérubin] ? Rabbi Avahou dit : “Comme un enfant“ [ké-ravia], car à Babylone, on appelle un enfant “ravia“. » Le choix de cet emplacement indique bien que par le mérite des enfants, D.ieu « contracta » Sa Présence pour la faire régner entre les deux chérubins, et enseigner ainsi Sa Tora au peuple d’Israël.Même au moment de la Révélation du Sinaï, les enfants jouèrent un rôle crucial. Dans le Midrach suivant, il apparaît que sans eux jamais la Tora n’aurait été donnée aux hommes : « “Par la bouche des enfants et des nourrissons, Tu as fondé Ta puissance“ (Téhilim 8) – au moment où le Saint béni soit-Il voulut donner la Tora à Israël, Il annonça :
“Donnez-Moi d’abord un garant qui répondra de votre respect de la Tora !“ Les enfants d’Israël répondirent : “Les patriarches seront nos garants !“ D.ieu dit : “Ils Me sont déjà redevables ! Pourvu seulement qu’ils soient capables de se maintenir eux-mêmes !“ Le peuple demanda alors : “Qui ne T’est pas encore redevable ?“ D.ieu répondit : “Les enfants.“ Aussitôt, ils Lui amenèrent leurs enfants. Le Saint béni soit-Il leur dit : “Vous êtes les garants de vos parents, et s’ils ne respectent pas la Tora, vous devrez répondre de leurs fautes.“ Les enfants répondirent : “Nous l’acceptons.“ D.ieu déclara alors : “C’est par votre bouche que Je donne la Tora à vos parents“, comme il est dit : “Par la bouche des enfants et des nourrissons, Tu as fondé Ta puissance“ » (Midrach Téhilim 8).
Voilà pourquoi le mot « Vayiqra » est écrit dans les rouleaux de la Tora avec un aleph plus petit que les autres lettres du texte. Le aleph symbolise l’enseignement, comme on l’apprend du verset : « Je t’enseignerai [aalefkha] la sagesse » (Iyov 33,33). C’est donc bien l’instruction donnée aux « petits » – c’est-à-dire aux enfants – qui permit à la Présence divine de descendre du haut des Firmaments pour résider au sein d’Israël. Et c’est par leur mérite que le Saint béni soit-Il offrit Sa Tora au peuple juif.
Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.