Weekly Torah Portion

Yitro. « Yitro entendit » et « les peuples entendirent »

« Yitro entendit » (Chémot 18,1)

« Qu’a-t-il entendu pour venir au-devant des enfants d’Israël ? La nouvelle de la traversée de la mer Rouge et de la guerre contre ‘Amaleq. » (Rachi d’après Zéva’him 115)

 

Cette exégèse s’explique comme suit : en voyant Yitro renoncer à ses croyances et à son pays natal, nos Sages déduisent qu’il fut informé d’une nouvelle que son entourage ignorait. Ceci les amène à s’interroger : « Qu’a-t-il entendu pour venir ainsi ? » La réponse révèle qu’en vérité, Yitro fut informé d’événements grandioses, tels que l’ouverture de la mer Rouge et la guerre contre ‘Amaleq, manifestement connus de tous les autres peuples, comme le dit le verset : « A cette nouvelle, les peuples s’alarment » (Chémot 15,14). A la différence près qu’eux apprirent cette nouvelle mais ne changèrent rien à leurs habitudes, alors que lui, Yitro, « il entendit et il vint » !

Rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou) s’attelle à comprendre les motifs qui empêchèrent ces peuplades de réagir comme Yitro. D’après lui, ceci résulte du fait que « les méchants sont livrés entre les mains de leur cœur » – ils ont beau entendre et comprendre le sens des événements, leur cœur reste néanmoins soumis à ses passions et il refuse d’éprouver la moindre émotion. Inversement, il est dit de Yitro qu’il « n’avait pas renoncé à une seule idolâtrie au monde avant d’adopter le judaïsme » (Mékhilta Yitro 1). Visiblement, cet homme était mû par une très grande recherche de vérité : s’adonnant au service d’une première idole, la rigueur de sa recherche lui permit d’en découvrir l’inanité. La repoussant, il opta pour un autre culte, qui vint immanquablement le décevoir, et ainsi de suite, jusqu’à passer en revue toutes les idolâtries du monde. Or parce que sa recherche de vérité était sincère, D.ieu l’assista dans sa démarche. En revanche, les autres peuples n’étaient motivés par aucune quête de vérité : leur unique souhait était de satisfaire leurs inclinations, quand bien même cela signifiait s’embourber dans le mensonge. Par conséquent, comment auraient-ils pu percevoir le message de la Vérité ? Car lorsqu’un homme vit dans un inébranlable marasme spirituel, le plus grand prodige au monde le laissera totalement indifférent…

Sur un thème voisin, rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou – Chvivé Lev, tome I, par.104) s’interroge sur le second événement qui interpella Yitro : en quoi la guerre menée contre ‘Amaleq l’incita-t-elle à se rapprocher du peuple juif ?On raconte qu’après la Seconde Guerre mondiale, de célèbres libres-penseurs anglais s’étaient interrogés sur l’effroyable cruauté d’Hitler – yima’h chémo – et du peuple allemand pendant la Shoa. Leur conclusion fut que lorsqu’un homme se débarrasse de toute croyance religieuse, il peut sombrer jusqu’à atteindre des abysses moraux inconcevables, devenir plus féroce que des animaux prédateurs et commettre les pires atrocités. Suite à leurs conclusions, ces hommes retrouvèrent la foi en D.ieu.

Voilà pourquoi nos Sages, lorsqu’ils décrivent la démarche de Yitro, évoquent précisément l’ouverture de la mer Rouge et les combats menés contre ‘Amaleq. Pour lui, ces deux informations étaient complémentaires : il eut connaissance des prodiges produits sur la mer Rouge, et parallèlement, il apprit que ‘Amaleq – bien qu’informé lui aussi des mêmes faits – n’hésita pas à combattre le peuple d’Israël. Cette réaction effara Yitro au plus profond de son âme : voici donc ce qui peut advenir de l’homme, s’il ne prête pas oreille aux événements, s’il manque « d’entendre et de venir » !

Cet extrait est issu du livre « Lekah Tov » publié par les éditions Jérusalem Publications, avec leur aimable autorisation. Tous droits réservés.

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